L’armée de l’ombre.
La situation de confinement dans laquelle nous a plongé le Covid-19 depuis trois semaines a profondément inversé le rapport de force. Ceux qu’on appelait les « sous-métiers » sont aujourd’hui plébiscités. Il y avait même une expression consacrée pour recadrer les enfants indisciplinés : « travaille bien à l’école, ou tu finiras caissière de supermarché ».
Une armée d’invisibles s’est constituée pour maintenir notre pays debout. Ce personnel jusqu’à présent sous considéré est envoyé au front. Revanche des cols gris contre les cols bleus.
Toutefois, cette crise apparaît comme le révélateur social d’une société malade depuis trente ans. Le télétravail pour les plus aisés et le terrain pour les moins qualifiés.
Il va s’en dire qu’une revalorisation salariale d’ampleur est à prévoir post-confinement. L’heure des comptes (financiers et politiques) ne saurait tarder. Si le relâchement d’une partie de la population hier – sortie prendre le soleil en dépit des interdictions – risque d’annuler la stabilisation du nombre de malades, il est important que chacun reste chez soi. Non seulement pour aider le personnel soignant, mais aussi pour protéger ces personnes de deuxième ligne, que l’on applaudit pas aux fenêtres et que l’on ne voit pas (ou plutôt : qu’on avait décidé de ne plus voir).